Congrès PWN Paris 2023 : 5 convictions à retenir
On me pose souvent la question de la pertinence de rassembler des collectifs uniquement de femmes : "ce n'est pas très inclusif quand même !".
C'est vrai. Mais qu'est-ce que c'est bon. Lors du grand congrès organisé par le réseau PWN Paris le mardi 17 octobre 2023, j'ai eu la chance de débattre, délibérer, rire, m'émouvoir, avec des femmes drôles, puissantes, simples, imparfaites et fières de l'être. Se dire les choses de manière franche, parce qu'on est entre nous.
Le thème de ce congrès ? Un futur désirable par la force du collectif.
En quelques chiffres clés : 12 intervenant•es, plus d'une centaine de participant•es, 2 tables rondes, 4 keynotes et 1 incroyable énergie durant tout l’après-midi, tout cela dans un lieu absolument mythique qu’est l'Hôtel de l’Industrie. D’ailleurs, nous remercions au passage Sylvianne Villaudière pour les anecdotes qu’elle a partagées du temps de Marie Curie en ces lieux.
Pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister, voici les 5 convictions majeures sur lesquelles, je crois, nous sommes sorti•es aligné•es (n’en déplaisent à nos amis qui veulent s’opposer à l’écriture inclusive !)
CONVICTION #1 : IL FAUT RÊVER ET RACONTER DE NOUVELLES HISTOIRES
Moi j’ai toujours adoré les histoires. Passionnée par les livres et l’écriture, j’ai toujours pensé et clamé que les mots sont une arme dont on sous-estime beaucoup la portée. On oublie d’ailleurs souvent que l’espèce humaine est profondément une espèce fabulatrice et que depuis la nuit des temps les contes et les récits ont façonné le monde et notre façon de le ressentir et de le vivre. Le problème, c’est qu’on s’est mis à raconter des mauvaises histoires, qui ont laissé à penser que certains avaient une place plus importante à occuper que les autres et de surcroît des histoires qui ont le malheur de ne pas être compatibles avec les limites planétaires.
Lors du congrès du 17 octobre, nos intervenantes nous en ont racontées de belles, des histoires : certaines drôles, certaines émouvantes, certaines inquiétantes ! Mais toutes ont fait avancer le propos du jour. J’ai A-DO-RÉ l’anecdote racontée par Valérie Masson, Vice Présidente de Capgemini et sponsor du programme Women@Capgemini, qui atteste de l’urgence à raconter de nouvelles histoires. Lorsqu’elle est passée VP (! Alerte grosse promotion) elle reçoit un appel du fleet manager (celui qui gère les flottes de voitures de l'entreprise) « Félicitations Madame Masson pour votre promotion ! Il est temps maintenant de choisir le SUV que vous souhaitez parmi notre magnifique catalogue». Mais quel symbole de réussite digne d’un autre temps, où pouvoir et virilité rimaient avec le nombre de chevaux que vous aviez au moteur.Outre le fait que cela n’aide en rien les dirigeants (femmes, et hommes !) dans leur prise de fonction, c’est soooooooo not 2023 !
Canon aussi l’histoire de Sophie Dancourt, qui a fondé le média génial « J’ai piscine avec Simone » le jour où elle a compris que nous étions toutes victimes du syndrome de Stockholm : la société nous a fait croire qu’on était trop vieilles après 50 ans et on y a cru. Intégrée aussi l’idée qu’une fois ménopausée nous n’étions plus productives, qu’à 50 ans nous étions sur le déclin. Et pourtant, bon sang de bon soir, mais à 50 ans, on est une bien meilleure version de nous même qu’à 25 ! On est plus libres, on a moins de charge, on a appris à gérer des situations de crises, plusieurs à la fois même, on a appris à gagner du temps. 50 ans, ce n’est pas l’heure du déclin mais celle du tremplin !
Et on en parle du statut le plus précaire de France, celui des anciens sportifs français dont 48% sont sous le seuil de pauvreté parce qu’on considère qu’à 30 ans ils sont « finis » ? Alors que, plus que n’importe qui, ils ont développé le sens de l’effort, de la résilience, de la performance, du travail ; intégré des valeurs de multiculturalité, de collectif, de vivre ensemble, d’humilité.
Paoline Ekambi, ancienne capitaine de l’équipe de France de basket et fondatrice de Portail Community, nous conjure de l’urgence à raconter une nouvelle histoire : celle où ces anciens sportifs rejoignent nos belles, mais parfois engoncées, entreprises françaises pour essaimer ces compétences et ces valeurs à grande échelle. Oui. Pour promouvoir des imaginaires évocateurs d’un monde souhaitable et durable, nous avons besoin d’écrire de nouveaux récits. Des récits qui mettent fin à des centaines d’années d’histoires de femmes fragiles, faibles, dépendantes, soumises, sages, gentilles, frêles, qui attendent, et craignent, et sacrifient. Et pas que les femmes d’ailleurs, mais toutes les diversités qui ont intégré ces stéréotypes que nous devons apprendre à déconstruire pour construire un monde meilleur.
CONVICTION #2 : IL FAUT LA JOUER COLLECTIF
Bah oui, parce que chacun•e dans son coin ça ne va pas marcher. Il faut rechercher l’effet papillon : Et sur le sujet, nous avons rencontré la crème de la crème, la pro des réseaux, celle qui a créé un réseau de réseaux ! Il s’agit de Claire Poirson, co-fondatrice de l’association 2 Gap et par ailleurs avocate et Présidente de Firsh. Son constat de départ est très simple (suffisait d’y penser !) : « mais combien y-a t’il de réseaux de femmes qui se démènent au quotidien sur le terrain pour faire avancer la cause de l’équité homme-femme ? » Des réseaux féminins d’entreprises et d’organisations publiques ou privées, d’écoles, d’université, de filières ; les réseaux des femmes scientifiques, avocates, dirigeantes, des médias, et j’en passe.
Et après elle s’est demandé (suffisait d’y penser ! encore) : « Mais ça donnerait quoi si on arrivait à fédérer tous ces réseaux (aujourd'hui plus de 75) pour avoir un effet de levier massif et mener des actions communes plus impactantes ? ». Simple. Mais brillant. Et c’est ce qu’elle a fait avec quelques camarades. Aujourd’hui, 2 Gap participe à la rédaction de textes de lois (Rixain par exemple), rapatrie des femmes Afghanes pour les intégrer en France ; et à l’invisibilité des femmes dans les médias elles répondent en créant une base composée de 2000 expertes des 75 réseaux. Base qu’elles partagent avec les différents médias pour leur dire « vous les cherchiez, les voilà, dans TOUS les domaines, il ne vous reste plus qu’à choisir ». Oui, le collectif est un élément absolument indispensable pour faire progresser l’équité femme-homme. Et les actions d’associations comme 2GAP et PWN absolument essentielles pour fédérer et faire agir celles et ceux qui croient et qui ont suffisamment d’énergie, et de passion, et de convictions pour passer à l’action.
CONVICTION #3 : IL FAUT OUTILLER LES FEMMES
D’aucuns pensent qu’on a déjà fait un bon de chemin et qu’on va pouvoir se détendre un peu, aller siroter un Manhattan et suçant quelques olives et se taper dans le dos pour se dire que tout va bien Madame la Marquise. C’est une façon plus « stylée » comme disent nos adolescents, de parler du phénomène de « gender fatigue » qui décrit le « ras le bol » d’hommes, et de femmes ! sur ce foutu sujet d’équité homme - femme. Y’en a marre. Circulez, y’a rien à voir. C’est triste, c’est grave, mais c’est une réalité et qui m’est régulièrement confirmée par mes clients DRH de moyennes et grandes entreprises. Et pourtant, il reste toujours aussi crucial et essentiel d’outiller les femmes pour qu’elles grandissent, qu’elles se développent, qu’elles osent. Parce que comme nous l’avons vu dans le point 1, on nous sert depuis des millénaires des injonctions et des stéréotypes qui ont la dent dure. On sait, on le SAIT qu’on doit avoir confiance, et se libérer de nos croyances limitantes, et OSER. Mais c’est parfois tellement duuuuuuur. Un des outils prioritaires, c’est notre capacité à prendre la parole et nous exprimer. Coco Chanel disait « L’acte le plus courageux reste de penser par vous-même. À haute voix. ». Je rajoute souvent (modestement) « prendre la parole c’est prendre le pouvoir ». Pas au sens de la puissance masculine et virile. Mais plutôt dans le sens de : « être libre ; prendre le pouvoir sur ma vie ».
Lors du congrès, nous avons eu la chance d’avoir sur une de nos tables rondes Cynthia ILLOUZ, fondatrice de The Woman’s Voices, un média d’information politique et générale dont la vocation est de mettre en lumière la place des femmes dans la sphère publique, l’économie, le développement durable, les médias, les sciences ou encore le sport.
Cynthia et moi avons partagé les mêmes convictions auxquelles nous avons dédié nos activités professionnelles : donner les moyens aux femmes d’oser s’exprimer, d’oser se mettre dans la lumière pour faire entendre : leurs talents, leurs expertises, leurs visions.
Avec simplicité, authenticité et impact. Un autre univers où il est urgent d’outiller les femmes, c’est le domaine de la Tech. Car si on veut lutter contre l’invisibilité des femmes, il est crucial que les femmes s’investissent massivement dans la construction du monde digital. Et ça commence dès le plus jeune âge. Comme nous l’a rappelé Aline Aubertin, Présidente de l’Association des femmes ingénieures, les filles décrochent des sciences à 2 moments en entrée de CE1 et au collège.
Et plus tard le constat est sans appel, les femmes disparaissent complètement de l’univers de la tech. Karima Moudoub, fondatrice de Woman in Tech France, oeuvre à challenger le status-quo et utilise une jolie formule “à chaque fois qu’une femme s’implique, il y a quelque chose de changé dans le monde”.
CONVICTION #4 : FAITES ENTRER LES HOMMES
Oui parce que ... qu’on se le dise ! Notre vision du féminisme, ce n'est pas une histoire de revanche à prendre ! Ce n’est pas une partie de bataille géante qui permettra de voir qui sortira vainqueur ; car personne ne sortira vainqueur d’un scénario autre que celui qui parle d’équilibre, de justesse, d’envie et d’énergie pour imaginer et faire ensemble. Notre vision du féminisme, c’est celle qui considère que les femmes et les hommes doivent pouvoir apporter la même contribution au monde (politique, économique, social, écologique), tout simplement. Pas pour nous faire plaisir, mais parce que c’est nécessaire. Au cours de la table ronde, Françoise Dérolez, Directrice Associée chez Grant Alexander (et ancienne Présidente de PWN Paris) résume d’ailleurs sublimement la chose. Elle dit : «la diversité, c'est en fait une autre façon de dire l'Humain". Et oui. Ça a l'air de rien, mais ça change quand même pas mal la donne. Toutes, nous nous sommes accordées à dire que le féminisme ne doit pas et ne peut pas se passer des hommes. Alors dans les actions que nous menons toutes, dans notre vie personnelle, professionnelle, associative, assurons-nous de nous poser toujours la question « comment j’embarque les hommes ? ». Les plus convaincus d’abord (et oui, on n’est pas kamikazes non plus ...), et on verra comment faire suivre les autres.
En ce qui me concerne, je suis une fière fresqueuse de la fresque de l’équité créée par l’association The Wonders (https://www.thewonders.co/fresquedelequite) dont j’ai la chance d’être Administratrice. Cette fresque a pour objectif d’apporter la preuve, pas à pas, de la non équité d’accès à : l’éducation, la santé, les postes à responsabilité, la sécurité, les médias, la politique, la sécurité financière... Je me suis amusée à organiser des fresques chez moi, avec ma famille et des amis, et des amis d’amis, de tout âge, de tout genre, de tous bords en termes de conviction sur le sujet. Et ce qui a été le plus puissant, c’est la bascule des hommes, quel que soit leur point de départ sur le sujet. Entendre les filles, les femmes, raconter, encore, et encore, et encore. Même, et surtout, les non-féministes, les non-militantes. Prendre la mesure de ce qui se joue, tous les jours, sous leurs yeux, mais qui est parfaitement invisible car totalement intégré. Comme changer de lunettes et pouvoir tout à coup voir l’air qu’on respire.
CONVICTION #5 : IL FAUT METTRE DES PAILLETTES
Mais oui, évidemment ! Il y en a marre de cette atmosphère triste, et morose, et anxiogène. Il est grand temps de sortir les paillettes (à l’instar de la veste que j’ai portée le 17 octobre lors du congrès). C’est vrai qu’il y a encore du boulot, que c’est pas gagné, qu’il va falloir continuer à se remonter les manches; mais autant qu’elles soient à paillettes, et multicolores tant qu’à faire ! Parce que plus que tout, pour garder la foi, il va falloir que nous cultivions la joie. Alors continuons comme Sophie Dancourt à écrire des livres qui s’appellent «Vieillir c’est à quelle heure», et comme Valérie Masson à porter des bottines argentées, et comme Patrick Ibry (DGD chez Banque Palatine et heureux sponsor de PWN) à raconter des histoires pleines d’humour pour déconstruire les stéréotypes.
Parce que pour avancer sur le chemin du féminisme, comme sur celui de l’écologie, l’humour sera probablement une arme archi-puissante. Parce qu’elle permet de sortir d’un schéma qui pointe du doigt et qui culpabilise. Parce qu’elle permet de dépassionner les débats et dédramatiser pour embarquer massivement et concentrer l’énergie sur les solutions à mettre en place. Inspirons-nous des propos de Paoline et Patrick sur le sport comme miroir de notre société et de cette idée qu’il ne s’agit pas de gagner une bataille au service d’une espèce de virilité mal placée, mais plutôt de développer des valeurs de combativité qui nous pousse à être les meilleures versions de nous-mêmes, et de savoir qu’on peut compter sur les membres de notre équipe pour y arriver. Sans oublier de célébrer chaque avancée, chaque progrès avec tous ceux qui ont participé. Oui, au risque de paraître niaise, j’assume, la vie est une fête. Et chez PWN, comme chez 2Gap, The Wonders, The Woman’s Voices, Women@Capgemini et toutes ces autres associations, on partage aussi, je crois, cette envie de se faire du bien, d’apprendre, de grandir, de découvrir, d’être inspirées, surprises, émues. Nos émotions guident nos actions. Alors nourrissons les, chérissons-les, partageons-les.
Je conclurai sur une phrase prononcée par Valérie Masson qui proposait qu’on cherche (dans les entreprises comme ailleurs) à développer la notion de leadership éclairé et de conclure “on se doit d’offrir cette inspiration aux jeunes”.
Allez Mesdames et Messieurs, au boulot !
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