Les Femmes et la Tech : Regards croisés

Dans le cadre du Club des Partenaire de PWN Paris, Sylvie Migdal et l’équipe Partnership, ont réuni mardi 20 septembre chez Bird & Bird, une nouvelle table ronde sur les femmes dans la tech, animée par Soline Laforcade, General Manager Hult EF Corporate Education. Et pour nous en parler :

• Caroline Ramade, Co-founder et CEO 50inTech

• Cécile Chamaret, Professeur associé, Directrice de l’Executive Master Nouvelles Technologies, Ecole Polytechnique

• Valeria Faure-Muntian, Présidente de l’association Women4Cyber France, ancienne députée de la Loire

Des chiffres d’abord…

• 30% de femmes dans le secteur numérique.

• 43% de femmes seulement pensent avoir le niveau pour intégrer ce secteur.

• 1 femme sur 2 quitte la tech après 8 ans d'expérience, et c’est même après 3 ans dans l’univers de la cybersécurité.

• Cécile Chamaret constate que les femmes ont 34% de chance en moins que les hommes de faire une formation continue.

• Et pourtant 80 000 postes n’ont pas été pourvus en 2019 dans le secteur numérique, soit l’équivalent de 10% de PIB supplémentaire si les postes étaient pourvus…

Comme l'indique Soline Laforcade, l’opportunité économique et sociétale est démontrée. Pour la cybersécurité, c'est même un « enjeu de souveraineté » précise Valeria Faure-Muntian.

Comment expliquer ce paradoxe ?

Nos intervenantes constatent qu'il s'agit d'un problème systémique profond touchant aux modes de représentation éducatifs, culturels et sociaux, que les quotas ne suffisent pas à dépasser. Décodons quelques exemples !

Non, les femmes ne sont pas nulles en maths ! Mais la majorité des enseignants en primaires sont des femmes. Étant peu ou moins bien formées aux mathématiques et aux sciences, elles jouent le rôle d'anti-rôle modèle. Les différents systèmes de notation et de performance, à l'école et plus tard en entreprise, sont construits sur des critères masculins qui ne tiennent pas compte que les filles performent aussi bien que les garçons mais différemment. Les biais culturels ancrés depuis notre enfance - le fameux « fais attention" - qui développe l'idée d'un milieu hostile, et génère un réflexe d’autoprotection, empêchent les femmes de saisir les opportunités. Dans le milieu professionnel, aux hommes les questions promotionnelles, aux femmes les questions préventives. Enfin, la communication venue de la Sillicon Valley, centrée sur le geek surdiplômé, a une influence négative sur la représentativité des femmes dans le secteur de la tech, même dans des sociétés égalitaires comme les pays baltes.

Alors que fait-on maintenant ? Comment viser l’équilibrer ?

Nos intervenantes nous ont partagé leur expérience et leurs solutions pour tenter d’inverser la tendance et féminiser ce secteur.

• Promouvoir les formations en engageant des actions ciblées auprès des femmes : communication revisitée qui valorise la présence des femmes ; réunions d'information qui leur est réservées car c'est l'occasion de lever leurs doutes ; ou encore des bourses d’étude fléchées.

• Valoriser des rôles modèles féminins réalistes, qui nous ressemblent. Nous ne serons pas toutes Sheryl Sandberg et pourtant, nous pouvons toutes réussir à notre façon.

• Sensibiliser les entreprises aux mesures indispensables pour se rendre attractive auprès des femmes, mesurer et communiquer leurs efforts en matière de D&I.

• Et pour les femmes, s'inspirer davantage de leur entourage direct, stimulant et soutien pour accéder à certaines fonctions de management, une expérience partagée par Caroline Ramade.

Pour reprendre la formule de Valeria Faure-Muntian, "la seule limite, c’est notre imagination" et au cours de cette table ronde, l’imagination et l’engagement étaient au rendez-vous pour faire bouger les lignes !