Delphine Cochet, Fondatrice de Ma Bonne Fée
Le 31 mai dernier, Delphine Cochet recevait l'award THE ONE décerné par PWN Paris pour son initiative qui favorise l'équilibre vie personnelle et vie professionnelle. Découvrez son parcours, sa personnalité et son engagement.
The ONE : Oser un Nouvel Equilibre a été créé cette année pour mettre en lumière des initiatives sociétales remarquables d'entrepreneurs et dirigeants.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre aventure entrepreneuriale aujourd’hui ?
J'ai fait une école de commerce, l’EM Lyon puis je suis rentrée dans le milieu de l'hôtellerie/tourisme/événementiel. J’ai passé 10 ans dans une agence de communication événementielle où je suis rentrée en stage et dans laquelle j'ai rapidement évolué jusqu’à en prendre la direction à 27 ans. C’était une PME de 25 personnes avec 10 M de CA. Et puis, j'ai eu 2 enfants rapprochés Augustin 6 ans et Louise 5 ans, ils ont été le déclencheur de ma prochaine aventure professionnelle. Comme je dirigeais une boîte qui n'était pas la mienne, j'avais en tête de monter ma propre entreprise. Pendant mon 2ème congé maternité, j'ai préparé mon départ et je me suis lancée dans l'aventure.
Y a-t-il eu un événement fondateur qui vous amener à créer Ma Bonne fée ?
Je savais que je voulais travailler dans la Tech et que je voulais trouver un associé pour ne pas me lancer seule. J’ai cherché sur internet « projet start-up cherche associé » et je suis tombée sur un site qui s'appelle Biznessful où il y a des projets référencés, à la fois des recherches d’associés et des recherches d’investisseurs. Rapidement j'ai vu celui qui allait être mon futur associé. Il venait de se lancer, je l'avais vu passer dans l’émission La Maison des Maternelles, j’ai échangé avec lui sur LinkedIn, nous nous sommes rencontrés et la semaine d'après, je commençais le projet. Cela va faire 5 ans. A l’origine c’était nounoudenuit.fr, un réseau de nurses de nuit pour accompagner les parents à la sortie de la maternité. C’était un projet qui me parlait avec mes 2 enfants en bas âge et un mari qui partait souvent en déplacements professionnels.
Et puis, nous avons voulu faire plus pour accompagner la parentalité, pour mieux concilier la vie professionnelle et la vie personnelle, c’est ce qui nous a amené au projet tel qu'il est aujourd'hui. Ce sont l’écoute du marché et le confinement qui nous ont amenés à nous adresser aux entreprises sur les questions de parentalité mais aussi plus largement sur la santé mentale, la diversité et l’inclusion.
Votre éducation, votre histoire de vie ont-ils exercé une influence sur votre capacité à entreprendre ?
Mon père était à son compte en tant que graphiste. J’ai grandi avec ce modèle d'indépendance, où on travaille pour soi, avec un rythme et des clients choisis : cela m'a donné des valeurs fortes de travail et de souci du service client.
Et puis avec l'EM Lyon, j'ai eu beaucoup d'amis qui ont monté leur entreprise. En revanche pas d'amies femmes qui se sont lancées et encore moins avec des enfants.
Racontez-nous le concept de Ma Bonne Fée ? Comment le service fonctionne-t-il ?
Qu'est-ce qu'on fait ? Aider les entreprises à créer un environnement de travail plus inclusif.
Comment on le fait ? En apportant une solution à la fois d'assistance individuelle aux salariés et du contenu qui va pouvoir répondre aux exigences RH de communication sur les risques psychosociaux, sur la diversité et l’inclusion. Notre solution s'intègre à des outils existants ou nous proposons notre propre plateforme web. Le salarié a ainsi accès aux avantages des services qui existent dans son entreprise avec certaines briques comme des partenaires internes ou externes de l'entreprise, une ligne d'écoute psychologique, un psychologue du travail, une assistance sociale, un référent handicap…
Le salarié a également accès par cette plateforme, aux avantages et aux services qui existe chez Ma Bonne Fée. Nous apportons l’assistance autour de la parentalité comme la recherche du mode de garde, la réservation, le financement du mode de garde, la recherche en cas de déplacements professionnels, le soutien scolaire etc.
Nous avons une partie santé mentale avec des experts thérapeutes, des psychologues, sophrologues, coach qui peuvent accompagner concrètement les salariés de manière individuelle. Et sur les sujets de la diversité et de l'inclusion, nous proposons des référents handicap et une assistance sociale.
En parallèle, nous proposons du contenu, des articles, des ateliers, des webinairs comme par exemple, un atelier sur l'hyper connexion, les risques de l'attention ou des sujets comme Sommes nous tous sexistes ? du yoga, de la sophrologie, des quiz, des podcasts… Ce contenu vient nourrir la culture d'entreprise tout au long de l’année.
Quel est le modèle économique ?
Le socle de base
Nous avons la plateforme mise à disposition des entreprises pour les salariés avec un abonnement mensuel qui va être calibré en fonction de la taille de l'entreprise. Entre 0,50€ par mois, par collaborateur à 2€ par mois, par collaborateur. Plus la taille de l’entreprise est petite, plus le coût unitaire est élevé. Nos premières offres commencent à 3 500€ par an pour le socle de base : le programme éditorial sur la qualité de vie au travail, l'application, la mise en relation avec les briques validées par l’entreprise comme l'aide à la parentalité, ainsi que les services d'un Care Manager qui est le tiers de confiance qui aiguille le salarié sur ce à quoi il a droit et sur les problématiques personnelles qu’il peut rencontrer. Le Care manager oriente vers le bon service de Ma Bonne Fée ou le service interne de l'entreprise ou le service concerné de la mutuelle.
Une anecdote, nous avons un de nos clients dont le divorce de l’un de ses employés a été le déclencheur de la mise en place de notre solution. Car lors de ces moments, la vie est chamboulée. L’entreprise ne s’en mêle pas directement mais propose des outils pour appréhender la situation de la bonne manière.
La partie complémentaire
L'entreprise va décider de financer des heures de garde d'enfant à utiliser en cas de déplacement professionnel ou de défaillance de mode de garde ou de fermeture d'école. etc.
L'entreprise donne accès à des experts préfinancés comme un coach, un sophrologue, une assistance sociale etc. ou un expert spécifique pour des besoins personnalisés.
Notre solutions SAAS/le socle de base représente 50 à 60% de nos revenus. Nous constatons que le renouvellement du contrat se fait souvent avec du complément de prestation en plus.
Racontez-nous l'organisation mise en place entre Ma Bonne Fée et les services RH ?
Lorsque nous accompagnons les salariés de manière opérationnelle, nous avons la connaissance de ce qui se passe dans l'entreprise. De manière anonyme, nous faisons le lien avec les équipes RH en les aidant à repenser leurs actions, en guidant les dépenses budgétaires ou nous révélons parfois des sujets profonds dont elles n’ont pas connaissance.
Il m'arrive de rencontrer des dirigeants qui refusent de mettre en place ce service pour ne pas « ouvrir la boîte de Pandore » et travailler réellement les sujets. J'observe aussi certaines limites comme le fait que les équipes RH dépendent de la stratégie globale des boites sans y être intégrées. Certaines équipes rapportent qu'ils sont conscients de cas de burn out, d'absentéisme dans leur entreprise mais elles ne disposent pas de budget pour les traiter.
En venant avec des solutions chiffrées et clés en main, nous aidons à dépasser certains freins à la dépense, mais il est difficile d'avoir une approche ROI. L'investissement sur ces sujets participe à la qualité de vie au travail et permet de réduire l'absentéisme, fidéliser les talents etc.
Comment voyez-vous la montée en puissance des sujets RSE au sein des entreprises ?
Il y a une accélération du sujet mais c’est assez récent et la RSE n’est pas toujours liée aux RH, n’est pas en contact avec les RH ou n'existe pas.
Nos clients sont souvent ceux qui ont une stratégie globale people. Nous nous intégrons dans leur stratégie de performance durable.
Quels types de clients avez-vous ?
La Tech, beaucoup d'assurances, de mutuelles notamment parce que leurs clients, les entreprises, demandent plus de services comme aider à prévenir les risques psychosociaux.
Aujourd'hui nous avons une trentaine de clients en moins de 2 ans, ce qui représente plus de 15 000 salariés. En parallèle, nous travaillons avec des branches professionnelles et il y a 13 000 entreprises de la Tech qui ont accès à nos services.
Quelles sont les statistiques d’utilisation de votre service ?
Chez certains clients, 60% des salariés utilisent de manière régulière notre solution en participant à un webinair ou en lisant un article, 30% ont déjà utilisé un service qui a été mis à disposition comme le financement d’un coach, d’un sophrologue etc.
L’utilisation dépend de la manière dont le partenariat avec l'entreprise est construit et de la communication faite de la part des RH aux salariés. Pour augmenter les facteurs clés de succès, nous créons du contenu avec un calendrier éditorial mis à disposition des équipes RH. Nous faisons également du sur-mesure pour les entreprises.
Quelles sont les thématiques les plus demandées entre la parentalité, la santé mentale et la diversité, l’inclusion et le handicap ?
Ce sont les sujets liés à la famille au sens large : jeunes parents, ados et proche en situation de dépendance sont les plus importants.
Ainsi que les risques psychosociaux liés aux sujets de charge mentale, équilibre pro/perso très plébiscités dans nos webinairs, nos séances de coaching, de sophrologie. Nous travaillons à rendre le salarié acteur sur ces sujets en l’incitant à mieux communiquer sur sa charge de travail, en lâchant prise sur une pression personnelle etc. La perception est propre à chaque personne en fonction de sa situation au travail et à la maison, c'est pourquoi il est important d’apporter des soutiens individualisés.
Quel est le CA, l’entreprise est-elle rentable, perspectives à moyens terme ?
Nous visons le M de CA dans l'année à venir. L'entreprise n'est pas encore rentable parce que nous avons fait des investissements tech et humains et notre cycle de vente est long.
Nous sommes en phase de levée de fonds jusqu’à la fin de l’année, nous avons déjà des business angels qui nous ont rejoints, de belles références dans le secteur de la RH Tech comme le fondateur de Talentsoft Jean-Stéphane Arcis, le Chief of Staff de Cegid, des Family offices à impacts comme Hippolyte Capital.
Côté internationalisation, nous avons déjà des experts dans plusieurs langues, des newsletters en anglais, du contenu etc. Mais l’internationalisation passe par nos clients au UK et aux USA avec la construction de solutions vis-à-vis des spécificités du pays.
Le COVID a eu un effet positif pour vous ?
Oui parce que les sujets ont été démocratisés mais nous sommes sur un marché en évangélisation. Il n'est pas évident de passer du nice to have au must have. Nous accompagnons les équipes RH sur les obligations sociales en matière de qualité de vie au travail. Il y a des accords obligatoires à partir de 250 salariés sur les sujets d'égalité professionnelle et de qualité de vie au travail.
Quel est votre positionnement par rapport à la concurrence ?
Nous sommes uniques dans le sens où nous proposons du contenu à destination des salariés et également pour les RH.
Dans les RH, l’innovation s’est faite par les outils qui se sont déployés pour la partie administrative/ gestion de paye, il y a également la partie déploiement des compétences /évolution des talents et puis, il y la partie qualité de vie au travail / service / assistance aux salariés où nous nous plaçons, qui dans une logique globale est entremêlée aux 2 autres parties.
Ma Bonne Fée est-elle une entreprise durable ?
Ma Bonne Fée est une entreprise qui a à cœur de promouvoir, à la fois pour ses clients et pour elle-même, la performance durable dans l'entreprise.
Que vous inspire le numérique responsable ?
Une nécessité, avec la dimension sociétale avant toute chose : étant très impliqués par notre proposition de valeur intrinsèque sur le sujet de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, nous sommes persuadés que la diversité doit être le fondement du numérique et des entreprises qui la composent.
Quelles sont les actions RSE entreprises chez Ma Bonne Fée ?
Nous avons des valeurs sociétales et de diversité forte, qui se ressentent dans les profils de nos équipes. Notre proposition de valeur s'intègre dans les politiques RSE de nos clients justement sur ces sujets.
Quelles sont les valeurs et les convictions qui guident et portent votre engagement professionnel au quotidien ?
Nous sommes convaincus qu'il est possible de créer un environnement de travail plus inclusif, dans lequel les salariés peuvent toutes et tous s'épanouir quels que soient leurs parcours de vie et leurs contraintes personnelles.
Quels sont les 2 réalisations dont vous êtes la plus fière ?
1. L'aventure Ma Bonne Fée dans son ensemble : 4 ans plus tard nous sommes toujours là après des pivots et un confinement. Nous poursuivons notre mission et encourageons nos clients vers cette performance durable à laquelle nous aspirons tous.
2. Ma famille et en particulier mes enfants, même si je ne suis qu'à la toute origine de ce qu'ils sont, je suis fière de les voir grandir et de l'éducation que je leur apporte avec des valeurs fortes de travail, résilience, famille, amour et bienveillance.
Dans votre parcours professionnel, avez-vous ressenti des freins ? Comment les avez-vous surmontés ?
Les seuls freins que je rencontre sont ceux que je me mets, et ils sont nombreux : manque de confiance, peur de ne pas y arriver, de ne pas être la bonne personne à la bonne place... En revanche, quand je les lève, que je ne réfléchis pas et que je fonce, plus rien ne m'arrête.
Quels sont les femmes et hommes, qui vous inspirent aujourd’hui ?
Je suis spontanément plus inspirée par des personnes proches de moi, des amies entrepreneures qui font preuve de résilience et sont des soutiens indéfectibles. Ce sont elles qui, très concrètement au quotidien et quand j'en ai besoin, me tirent vers le haut. Je peux citer notamment Aude (Plume), Claire (Debongoût), Marion (Listen Leon), Carine (Testunmetier), Solenne (Soft kids), Amélie (Doctoome),...
Avez-vous eu des rôles modèles dans votre parcours professionnel ?
Mon ancien patron, William Edel de Wagram & Vous, par sa bienveillance, son management, son écoute, son souci de l'épanouissement de ses équipes.
Un conseil à donner aux femmes ?
N'ayez pas peur : on a souvent "peur" d'aller demander une augmentation, de l'aide, une promotion, de ne pas y arriver, de ne pas être la bonne personne, de ne pas être à sa place... nous sommes là où nous sommes pour une raison, et dans les "échecs" naissent les apprentissages. "Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends."
Enfin et surtout, ne pas avoir peur de s'écouter : c'est la base et on l'oublie trop souvent.
Que représente cette reconnaissance de PWN Paris pour vous ?
Une fierté personnelle, une fierté pour l'équipe, une fierté pour tout le chemin accompli, une fierté de me sentir utile et que cela soit reconnu. Je le vis comme un formidable coup de boost pour continuer à avancer, sur un chemin qui est semé d'embûches, de difficultés, où on tombe sans cesse et où il faut sans cesse se relever. Cette reconnaissance, c'est presque une béquille sur laquelle s'appuyer dans les moments difficiles.
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