Isabelle Georges, artiste et entrepreneuse culturelle,
marraine des the ONE Awards 2022
Le 31 mai dernier, Isabelle Georges recevait un prix spécial THE ONE décerné par PWN Paris en tant qu’artiste et marraine de la soirée.
Découvrez son parcours, sa personnalité et son engagement.
The ONE : Oser un Nouvel Équilibre a été créé cette année pour mettre en lumière des initiatives sociétales remarquables d'entrepreneurs et dirigeants.
Isabelle Georges n’a pas un parcours académique classique, elle cultive l’éclectisme et une curiosité insatiable pour le monde. Avec détermination et passion, elle a réalisé son rêve, vivre sa vie d’artiste, toute entière nourrie de l’autre et tournée vers l’autre.
Comment est née votre envie de faire ce métier d’artiste ? Est-ce une vocation précoce ?
J’ai eu la chance de naître dans une famille d’artistes. Ma grand-mère était pianiste et compositrice, ma mère chanteuse lyrique et mon père, féru de littérature et de poésie, revenu d’un séjour aux Etats-Unis avec un bagage musical éclectique, melting pot de folk, jazz et comédie musicale… Un bon amalgame artistique pour démarrer dans la vie !
Enfant, ayant passé beaucoup de temps à l’hôpital, je voulais être infirmière. Et puis, grâce à cette épreuve, j’ai compris que je pouvais aider les gens, leur faire du bien, d’une autre manière : par la musique. À l’hôpital, ma mère me faisait chanter pour ne pas avoir mal. Et quand nous avions des soucis, en famille, nous dansions et chantions à tue-tête sur des morceaux de Harry Belafonte. Très tôt donc, je n’ai plus envisagé la vie, ma vie, sans musique.
Quand, à 17 ans, j’ai découvert, grâce à un professeur de claquettes extraordinaire, Victor Cuno, qu’on pouvait en faire son métier, j’ai intégré sa compagnie et je suis partie pour ma première tournée !
Je n’ai donc pas eu, à proprement parler, de formation académique en spectacle vivant. J’ai acquis le côté professionnel du métier, au fil des expériences. J’ai saisi les opportunités, fait de la danse, du théâtre, des stages, rencontré des personnalités marquantes comme Francis Huster, Jean-Claude Brialy, Michel Legrand ou Jérôme Savary, et surtout, j’ai eu la chance de trouver les bonnes personnes pour m’enseigner ce qui me manquait. Ainsi, un professeur de chant, Jean Salamero, enseignant hors du commun, m’a permis de trouver ma voix entre classique et jazz.
Vous êtes très touche-à-tout ?! Cette diversité de talents est aussi votre moteur ?
J’ai horreur des étiquettes, je vis la musique sous toutes ses formes, avec un grand M ! Ne pas emprunter la voie académique a été finalement une grande chance pour construire un parcours qui me ressemble et dans lequel je m’épanouis totalement en donnant le meilleur de moi-même, avec et pour les autres !
Cela m’a permis de faire des choses différentes, différemment. J’ai été responsable de mon propre développement et j’ai fait le choix d’explorer sans cesse pour progresser. Comme dans tous les métiers, c’est formidable de continuer à apprendre tout le temps ! Je ne suis pas assise sur mes lauriers, j’aime malaxer la matière, je suis portée par une curiosité insatiable et la conviction qu’on apprend de tout et de tout le monde ! C’est pourquoi les rencontres qui ont jalonné mon parcours sont si importantes.
Mon fil conducteur : être toujours sur le fil !
Musique classique, comédie musicale, chanson, musique yiddish, dans chacun de ces genres, je cultive mon propre style, j’essaye d’avoir un point de vue, de raconter quelque chose, d’apporter humblement un éclairage nouveau tout en respectant la partition originale.
Comment est venue la création dans votre parcours d’interprète ?
La création est, en effet, devenue une part essentielle de mon métier d’artiste. Mes premiers rôles dans les comédies musicales comme Barnum, le Passe Muraille, Titanic… ont été une école fantastique. On est sur scène tous les jours, on chante avec un piano ou avec un orchestre, on danse, on joue… J’ai adoré ces expériences, tellement formatrices. C’est lors du spectacle « Chantons sous la pluie » que j’ai réalisé à quel point l’ « avant » interprétation : le métier de la création, de la production était passionnant et indispensable.
Le chanteur et pianiste Frederik Steenbrink m’a interpelée un jour : « Pourquoi ne créerais-tu pas tes propres spectacles ?». Mon tout premier spectacle est né en 2003. Une Étoile & moi, à Judy Garland, une star qui m’a tant inspirée par sa voix, son humour, son parcours atypique… Lors de la première, il n’y avait que 6 personnes dans la salle, mais parmi eux, un journaliste et un producteur qui a changé ma vie ! Suite à une tournée aux Pays-Bas, nous avons décidé de partir au Festival d’Édimbourg (le plus grand festival de spectacle vivant au monde, précurseur d’Avignon). Une décision farfelue qui a donné naissance à une immense aventure. Avec nos maigres moyens, un travail intense, nous avons fait 26 spectacles en 26 jours sans compter les promotions, distribution de flyers etc. Cela nous a ouvert la porte de tournées internationales, en démarrant par le Royaume-Uni et l’Australie ! Un souvenir inoubliable !
Parlez-nous de votre casquette d’entrepreneure…
J’aime entreprendre ! Tout spectacle est une nouvelle aventure, une page blanche, à chaque fois. J’aime écrire, concevoir, monter une équipe, trouver les bons partenaires, répéter, travailler en équipe. Je suis très moteur, j’ai l’idée, je sais la porter et convaincre et j’ai la chance d’avoir un complice complémentaire en la personne de Frederik Steenbrink. On ne sait jamais tout faire, c’est enrichissant d’apprendre des autres.
J’ai la chance de vivre de mon métier, depuis longtemps. Ma botte secrète ? Elle est très simple : beaucoup de travail, tous les jours, sans relâche. Ne jamais se reposer sur ses lauriers. C’est d’autant plus nécessaire dans mon cas puisque que j’ai choisi une voie à part. Cela demande une énergie constante quand on est moteur de ses choix.
Pour être résilient en tant qu’entrepreneur, il faut du travail, de la chance, des rencontres et ne jamais se décourager. J’aime tant cette phrase lue dans « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » d’Éric-Emmanuel Schmitt : « Le non, tu l’as déjà ». Si tu n’oses pas, il ne se passera rien.
Le Covid a en ce sens été une épreuve marquante, de véritables sables mouvants. Comment structurer son activité, travailler, continuer sans pouvoir répéter, se réunir ? Avec mon compagnon, nous avons réussi à nous créer une routine de travail qui s’est avérée vitale pour préparer la suite.
L’égalité femme-homme, est-ce un sujet prégnant dans votre vie professionnelle ? Dans votre parcours, avez-vous ressenti des freins en tant que femme ?
C’est évidemment un sujet dans le secteur artistique et culturel. À mes débuts, j’ai vécu des situations dont j’ai été heureusement protégée mais j’ai aussi rencontré beaucoup d’hommes formidables sur mon parcours, des créateurs pour qui la question du genre n’existait pas et qui respectaient pleinement les artistes femmes. Il y avait beaucoup de respect réciproque.
Au départ, j’ai surtout souffert de la jalousie des femmes ! (Rires). Et je me suis donc beaucoup protégée d’elles ! Jusqu’à ce que je rencontre une coproductrice exceptionnelle, puis une autre qui sont devenues de véritables partenaires de travail. J’ai toujours cherché à rencontrer les personnes qui n’ont pas peur d’être elle-même, qui osent.
La parité, je ne me suis jamais vraiment posé la question. Car dans mon expérience personnelle, dans les comédies musicales, dans les troupes, dans les orchestres, la diversité était bien présente. Partout il y a des progrès à faire mais aujourd’hui, dans certains domaines, on tombe dans l’extrême inverse. Au lieu d’être une donnée de base, la parité est « à la mode » et je trouve cela rageant, presqu’autant que le passé discriminant qu’il faut dénoncer.
Chaque personne rencontrée, par sa différence, ses qualités et ses défauts, est une valeur ajoutée. Chacun apporte une idée, un point de vue, un nouvel éclairage, une contribution, c’est cette diversité qui est passionnante. Tout comme il y a 50 interprétations possibles d’une même partition, il y a 50 manières d’entreprendre autour d’un même sujet.
Quelles sont les valeurs et les convictions qui guident et portent votre engagement professionnel au quotidien ?
En France, nous n’osons pas assez sortir des sentiers battus. Si je peux montrer par mon parcours, mon activité, par la musique l’infini des possibles, c’est encore plus motivant. La musique m’a guérie et permis d’avancer, elle a été une énergie, un moyen de combattre la douleur au quotidien mais aussi de rencontrer des gens extraordinaires et d’avoir une très belle vie.
Aussi, l’engagement à l’hôpital Necker, auprès des enfants malades, est très important pour moi. Dès que j’ai eu le courage de retourner dans ce lieu où j’ai passé une bonne partie de mon enfance, j’ai fait des concerts pour les enfants malades, de chambre en chambre. Je suis heureuse de cette convention partenariale qui me lie à l’hôpital Necker pour porter dans la durée cet engagement. La musique harmonise, apaise, transcende, c’est un langage universel, un véhicule sans frontières !
Les retours qui me font le plus plaisir ? Quand on me dit que ma musique a donné le désir, l’énergie de faire ce que l’on aime ! Ne pas repousser ce que l’on veut faire mais l’embrasser, c’est cet élan que j’ai envie de partager. J’ai, en effet, réalisé mon rêve : que ma vie soit musique !
Je réalise ce rêve au quotidien, pas à pas, inspirée par les rencontres et guidée par mes rêves de gosse, de tel rôle, de tel projet, de New York… Oui, je me sens privilégiée au-delà de tout. Sans parcours pré-tracé, je suis peut-être mieux préparée à la société actuelle faite de grande insécurité et d’incertitudes.
Que retenez-vous de votre expérience de marraine des Awards the ONE 2022 au milieu de toutes ces personnalités d’un autre monde que le vôtre ?
Ce fut une expérience formidable et rafraichissante ! Cela donne de l’énergie de voir toutes ces femmes entrepreneures, et cette diversité de talents et d’expertises !
Quand on a une envie, homme comme femme, on doit pouvoir la mettre en œuvre et aller jusqu’au bout, sans attendre la retraite ! C’est le meilleur service à rendre à l’humanité !
Participer à the One en tant que marraine et mettre en valeur toutes ces destinées entrepreneuriales a été une grande joie et un honneur !
J’ai été particulièrement marquée par le témoignage de Sandra Chabrier-Breil Martin, CEO d’Aximum, qui a un parcours incroyable dans le BTP.
Et les projets autour de l’éducation, car c’est la clef de tout. La confiance qu’on transmet à un enfant, l’ouvrir à d’autres possibles, sans jugement, sans vouloir à tout prix étiqueter. Il faut dire à chaque enfant, et aux filles, en particulier : « tu peux ». Dès l’enfance, cette parole permet d’ouvrir des portes.
J’aime beaucoup la notion d’équilibre, développée par The ONE (cf. Oser un Nouvel Équilibre). Elle est relative à l’harmonie, au « vivre ensemble ». Et derrière, j’y mets : respecter l’autre, apprendre de l’autre et s’épanouir dans la vie. Ne pas faire les choses « contre » mais les faire « pour », c’est ce qui me porte en tant qu’être humain, femme, artiste.
Et l’équilibre vie perso-pro quand on est en couple, tous les deux artistes ?
C’est une recherche permanente ! On culpabilise de prendre des vacances, par exemple : ) . Une bonne hygiène de vie, basée sur le sommeil et l’organisation, est essentielle ! Il faut apprendre à déléguer aussi...
Mais vivre avec son partenaire de travail est un vrai atout, un bonheur : nous avons une passion commune et nous nous comprenons mieux que personne !
Quels sont les femmes et hommes qui vous inspirent aujourd’hui ?
Emma Thompson, actrice britannique au parcours éclectique. J’admire sa prise de parole libre et indépendante. Elle s’exprime sur des sujets importants avec clairvoyance et justesse. Son message : arrêter de culpabiliser les femmes à tous les niveaux ! J’ai été bouleversée, aussi, il y a quelques années, par un discours de Robert Badinter à l’UNESCO. Il a une foi en l’être humain qui fait un bien fou.
Au fond, j’admire toutes les femmes ! Je suis épatée par leur énergie, leur capacité à mener plusieurs tâches et projets de front, à prendre les choses à bras le corps, à savoir s’adapter quand nécessaire pour rebondir et aller de l’avant malgré les difficultés.
Mon conseil aux femmes ? « Soyez vous-mêmes à 100 % » ! J’adore cette citation d’Oscar Wilde « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris ».
https://www.isabellegeorges.com/
Retrouvez Isabelle sur scène
- Le 6 octobre 2022 à l’Espace Kiasma de Castelnau-le-Lez, France
- Le 8 décembre 2022 à l’Espace Malraux de Chambéry, France
- Le 9 décembre 2022 à l’Esplanade du Lac de Divonne-les-Bains, France
- Le 10 décembre 2022 à Bonlieu scène nationale d’Annecy, France
- Le 15 décembre 2022 au MC2 de Grenoble, France
- Du 27 au 31 décembre 2022 à la Nouvelle Ève, Paris, France
- Le 11 février 2023 à la Philharmonie de Paris, France
Featured Member: Corinne Bérenguer
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